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dimanche 3 avril 2016

Etude scientifique ou publi-reportage ?


3 avril 2016
MAJ le 4 octobre 2017

A regarder l'étude du Centre de Droit et d'Economie du Sport de Limoges on peut se demander s'il s'agit réellement d'une étude scientifique ou d'un publi-reportage sur l'Euro 2016 ?

En effet, au delà des estimations (reconnues et présentées comme telles) et des limites apparaissant ça et là dans le document, comment interpréter les réserves de méthodologie présentées tout le long du document.

Il y aura des retombées car l'économie d'un tel projet en génère forcement mais celles présentées dans le document du CDES sont largement sur-évaluées. Cette "extrapolation" dixit les auteurs serait liée à la difficulté d'obtenir certaines informations. On quitte alors une réelle démarche scientifique pour aller vers la communication.

Les conséquences économiques attendues chercheront dans le conjoncturel les raisons de ces résultats moins brillants qu'annoncés (risques d'attentats, consommation moindre,…peut être le mauvais temps …).
Mais c'est dans le structurel de ce type d'organisation qu'il faudra chercher les explications…
Si l'on souhaite en trouver véritablement  !



 Page 10 concernant les dépenses d'organisation:
"
Methodologie

Toutes ces dépenses ne peuvent être assimilées à de l’impact ; 


Les dépenses des collectivités territoriales pour l’accueil de l’événement n’ont pu être estimées faute d’information disponible
• Les dépenses des prestataires de l’UEFA correspondent à une estimation minimale. Des dépenses n’ont pas pu être estimées en raison d’incertitudes sur la conclusion de certains contrats ou sur les modalités de mise en place de programmes particuliers (activation de droits marketing) ; 
• L’Etat a participé à hauteur de 160 millions d’euros à la construction / rénovation des stades toutefois ces dernières ne peuvent être considérées comme des dépenses d’organisation. Les autres dépenses à la charge de l’Etat (sécurité publique notamment) n’ont pas pu être évaluées."


-> Des réserves pour nuancer d'éventuelles critiques … 



Page 11 "Impact économique total*"

"* Le calcul économique d’impact complet comprend un certain nombre d’étapes plus ou moins sophistiquées allant de l’évaluation des injections brutes totales jusqu’à des calculs de multiplicateurs spécifiques. 
Le calcul présenté ici appartient à l’une des dernières phases du calcul complet puisque sont proposées les injections brutes en provenance de l’étranger ce qui donne une évaluation réaliste mais plutôt inférieure à l’impact réel. 
Il resterait à calculer la valeur ajoutée et un multiplicateur macro économique."


-> La sophistication devient un élément scientifique de méthodologie, autant parler de langage indigène !



Page 12 

Fiscalité

"* Cette estimation est fondée sur un taux de TVA à 5,5% appliqué aux recettes billetterie (données UEFA) et sur un taux moyen de 15% appliqué aux dépenses spectateurs (stades et fan-zones) et aux dépenses organisation afin de tenir compte de la différence de taux entre les dépenses d’hébergement et de restauration. 
Seules les recettes dont l’origine provient des dépenses réalisées par des acteurs étrangers (spectateurs , organisation) ont été prises en compte, à l’exception de la billetterie. 
L’estimation de ces recettes est relativement prudente étant donné qu’elle ne prend pas en considération le surplus concernant certaines recettes fiscales et sociales."


-> La fiscalité des fonctions des bénévoles n'étant pas précisée, elle devrait compléter l'estimation !!!


Page 13

"Ressources humaines 
Valorisation des ressources humaines liées à l’organisation de l’événement"

"précisions méthodologiques"


Estimation minimale établie par extrapolation sur la base d’une information partiellement disponible en raison d’incertitudes quant au plan de charge de certains prestataires de l’UEFA
• Données établies sur la base des accréditations distribuées au cours d’organisations précédentes de l’UEFA EURO réactualisées par le biais d’entretiens avec des parties prenantes de l’organisation de l’édition 2016 ; 
• Nombre de personnes employées pour l’organisation de la compétition, travaillant un ou plusieurs jours sous différents statuts et hors volontaires ; 
• Aucune distinction quant à la nationalité, à la proportion de création d’emplois et à leur pérennisation dans le temps ne peut être réalisée à partir de cet indicateur ; 
• Non prise en compte des emplois générés par les activités d’animation coordonnées par les acteurs locaux ainsi que les opérations d’animations réalisées par les sponsors de l’évènement hors des enceintes."

Quid des Job-dating qui ont déjà été annulés dans certaines villes par manque d'offres ?

Où sont réellement les emplois au-delà de ceux annoncés par les organisateurs dans leur argumentaire pour vendre cette manifestation aux élus et aux contribuables ?



Page 16
Infrastructures sportives

"1033 M d'euros d'investissements privés"








Qui sont les philanthropes qui ont ainsi investi dans les stades ?

Soit le stade des Lumières de Lyon a couté beaucoup plus cher qu'annoncé… puisqu'il est le seul équipement présenté comme privé (et le seul qui peut être considéré comme un véritable investissement) … bien qu'abusivement présenté comme financé intégralement par le privé (ou alors la privatisation de la Caisse des Dépôts et Consignations est passée inaperçue à mes yeux…).

soit le mode de présentation est complètement tronqué !

S'il s'agit de cumuler les sommes engagées par les entreprises de BTP qui financent les stades via les Partenariats Public-Privé et qui se rembourseront largement sur les loyers pendant 15 à 25 ans, cette présentation est plus que tendancieuse.
La rénovation et la construction des stades ne sont pas des investissements mais des coûts de fonctionnements à venir (exception pour le stade de Lyon qui est véritablement un investissement pour le Club).




En compilant des données aléatoires invérifiables, en nuançant par petites touches "méthodologiques" pour faire apparaitre des réserves, sommes-nous dans une étude d'impact ?


Alors est-ce une étude scientifique ou un publi-reportage de communication ?

Il fallait bien satisfaire le commanditaire de "l'étude"…

Et après on sera surpris que les élus s'engagent dans ce type d'évènement. Elus qui se retourneront vers leurs techniciens pour leur reprocher de ne pas avoir été alertés sur les coûts masqués.



La recherche scientifique ne peut pas vivre sans moyen, mais est-ce une raison pour vendre son image ?




Pour aller plus loin






Rappel
Les stades: des outils de production entretenus par les collectivités.




A qui profite l'Euro 2016 ?

Alternatives Economiques n° 358 - juin 2016


8 juin 2016

A qui profite l'Euro ?
Le Monde

Vidéo intéressante même si les "investisseurs privés" des stades n'existent pas, excepté dans le cas du stade des Lumières de Lyon privé à 90 %.
Ce sont les acteurs du BTP dans le cadre des PPP qui feront payer les collectivités pendant 30 ans. La présentation reprend les éléments de l'étude du CDES qui sont partiales.


Comment le privé a gagné le match des nouveaux stades.
Altereco+plus par Alternatives économiques

VINCENT GRIMAULT ET JEAN SAINT-MARC

08/06/2016


12 janvier 2017

L'étude d'impact de l'Euro 2016 CDES Kénéo Janvier 2017


9 février 2017

A retenir au niveau méthodologique de
L'étude d'impact de l'Euro 2016 CDES Kénéo Janvier 2017


Page 5


" Qu’entend-t-on par impact économique ?

Il y a tout d’abord le problème de la définition et de la mesure de ce que l’on appelle « impact économique ». Très souvent, l’impact économique est confondu avec le poids économique de l’événement.
C’est le cas par exemple quand on assimile la valeur ajoutée au chiffre d’affaires comme unité de mesure de l’impact. Cette confusion débouche sur une surévaluation considérable de l’impact réel de l’événement. L’impact économique se définit en effet comme l’augmentation, liée à un événement ou projet particulier, de la valeur ajoutée ou de l’emploi sur un territoire donné. Il est donc mesuré par la comparaison de deux situations : avec ou sans la réalisation de l’événement. De plus, de multiples erreurs méthodologiques entachent souvent le calcul effectué par les cabinets mandatés pour mener ce type de travaux. Comme précédemment, cela conduit généralement à une surestimation des retombées économiques. Nous reviendrons de façon plus détaillée sur ce concept dans le premier chapitre de l’étude."



" L’importance du territoire de référence
Il y a ensuite la question du choix du territoire d’étude. Le calcul de l’impact économique d’un spectacle sportif n’a de sens qu’en référence à un territoire donné. Le problème est alors de savoir à quel niveau territorial il est pertinent de se placer pour évaluer un tel impact. En effet, l’impact économique repose sur une relation entre un territoire d’accueil et l’extérieur. Ce sont les flux financiers d’origine externe qu’il s’agit de maximiser puis de retenir, c'est-à-dire minimiser les fuites hors territoire, pour qu’ils profitent aux agents internes. Voilà pourquoi le choix d’un découpage territorial n’est pas neutre. Il influence la nature des variables retenues dans le modèle. Par exemple, si on augmente la taille du territoire (en passant des limites administratives d’une Région à celle d’un Etat), des flux financiers externes deviennent internes et ne sont plus à prendre en compte comme des injections. Selon l’importance de l’événement, il est d’usage de distinguer des grands territoires et des petits territoires. Pour un grand événement sportif, on peut mesurer son impact sur le territoire national même si, le plus souvent, un tel impact est faible comparé à la richesse produite mesurée à travers le produit intérieur brut (PIB). Ces événements ne constituent pas un choc exogène significatif de croissance pour des économies nationales.

Pour cette étude sur l’UEFA Euro 2016TM, le cahier des charges élaboré par le Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports était très clair : « l’étude a pour objet d’évaluer l’impact économique de l’UEFA Euro 2016TM au plan national. Aucune estimation à une échelle infra-territoriale (villes, territoires, départements ou régions) n’est envisagée. » Dans le cas d’un événement multi-sites comme l’UEFA Euro 2016TM, on aurait pu considérer comme intéressant un calcul d’impact au niveau des villes d’accueil. En effet, à cet échelon territorial, l’UEFA Euro 2016TM peut avoir un impact significatif dans une perspective de développement local. Le spectacle sportif est une activité qualifiée de « basique »4 qui permet l’injection de revenus au sein du territoire d’accueil. Par effet de multiplication, il y a création de valeur ajoutée et d’emplois. Ce n’est pas cette option qui a été retenue avec le choix du territoire national. Il apparaît ainsi que le calcul d’impact économique de court terme au niveau national s’inscrit plus dans une logique d’analyse de rentabilité des investissements consentis pour l’organisation de l’événement. L’Etat souhaitait ainsi réaliser une évaluation fiable de l’impact économique entendu au sens d’impact de l’attraction de flux financiers étrangers sur le territoire national. Il suffira ensuite de comparer cet impact de l’événement au montant des ressources publiques engagées pour son organisation. Nous obtiendrons ainsi une mesure de l’efficacité de l’investissement en cas de différence positive. Cela ne donne pas totalement la clef de la
légitimité de l’organisation en termes de choix alternatifs et de coût d’opportunité. Néanmoins cet argument sera particulièrement utile aux différents acteurs afin de poursuivre et améliorer une politique nationale d’accueil de grands événements sportifs internationaux à la fois ambitieuse et utile au développement du territoire."




La non-estimation à l'échelle infra-territoriale revient à ne pas chercher à valider les estimations du projet ex-ante. Dès lors comment estimer véritablement des retombées territoriales non mesurées mais seulement estimées sur la base de chiffres fournis par l'UEFA pour une part et d'un mode de calcul théorique d'autre part ?



4 octobre 2017

Extrait de "Les discutables retombées économiques de l’Euro 2016 de foot"
La Gazette des Communes publié le 17/01/2017 • Par David Picot 
"D’une manière générale, « ce type d’évènement ne constitue pas un choc exogène significatif de croissance pour des économies nationales », conclut Christophe Lepetit (CDES) qui cite un rebond de… 0,05% sur le produit intérieur brut (PIB) annuel. « On ne peut pas justifier l’accueil d’une compétition sportive sur une seule base économique »."





Textes complets

Euro 2016 : La Cour des comptes juge « médiocre » l’organisation de l’Etat et des collectivités.
La Gazette des Communes Publié le 29/09/2017 • Par David Picot    

Rappel
La Cour des comptes épingle les stades de l'Euro 2016.
Le Monde.fr | 17.01.2013 à 08h17 • Mis à jour le 17.01.2013 à 10h44 Par Pierre Lepidi